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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/238

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AURORA FLOYD

— Pouvez-vous me dire à qui ?

Le prêteur se gratta la tête en réfléchissant.

— Je crois les avoir vendus à des ouvriers, — dit-il. Ils reçoivent leur paye tous les quinze jours, et il y en a qui viennent tous les samedis soirs acheter une chose ou une autre, ou bien pour dégager quelque chose. Je sais que j’en ai vendu quatre ou cinq ainsi.

— Mais vous rappelez-vous d’en avoir vendu un à quelqu’un d’autre ? demanda Grimstone. Je ne vous interroge pas par curiosité, et je ne pense pas rester sans vous acheter quelque chose de beau, si vous me donnez ces informations. Pensez-y et prenez votre temps. Vous ne pouvez les avoir vendus tous les sept à des ouvriers.

— Non, — répondit le prêteur sur gages après une pause. — Je m’en souviens, j’en ai vendu un, avec des festons de fantaisie, sur un fond pourpre, à Joseph, le boulanger de la rue voisine, et j’ai vendu l’autre, qui avait une raie jaune sur un fond brun, au jardinier en chef de Mellish Park.

La figure de Grimstone se colora et devint brûlante. Le travail de sa journée n’avait pas été perdu. Il apportait les boutons de Crosby, de Birmingham, très-près de l’endroit où il voulait les porter.

— Vous pouvez me donner le nom du jardinier, n’est-ce pas ? — dit-il au prêteur.

— Oui ; son nom est Dawson. Il est de Doncastre ; lui et moi étions enfants ensemble. Je ne me rappelais pas lui avoir vendu l’habit, car il y a de cela à peu près un an et demi ; seulement, il s’arrêta et causa avec moi et ma femme le soir qu’il l’acheta.

Grimstone ne resta pas plus longtemps dans la boutique. Son intérêt sur les habits avait évidemment disparu. Il acheta deux mouchoirs de soie de seconde main, par politesse, et souhaita ensuite le bonsoir au prêteur sur gages.

Il était près de neuf heures ; mais l’agent s’arrêta à son auberge assez de temps pour manger une livre trois quarts de beefsteak et boire un pot d’ale. Après ce court rafraî-