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HENRY DUNBAR

était bruyant, mais il n’avait rien de naturel, il était même un peu étranglé peut-être ; mais Dunbar ne se donna pas la peine de remarquer quelque chose d’aussi insignifiant que la joie de son valet.

— Et maintenant que nous en avons fini avec le sentiment, — dit-il, — peut-être serez-vous assez bon pour me commander à déjeuner.


CHAPITRE VIII

Les premiers pas sur le sol natal.

Wilmot obéit à son ancien maître et commanda un excellent déjeuner qui fut servi dans le meilleur style du Dauphin ; et un séjour au Dauphin est presque une récompense des peines et des tracas d’un voyage entre l’Inde et l’Angleterre. Dunbar daigna se montrer très-amical envers son ancien valet, et insista pour que Joseph prît place avec lui à une table bien servie ; mais quoique l’Anglo-Indien rendît amplement justice au déjeuner, et engloutît un poulet froid et une salade de homard, avec plusieurs verres de vin de Moselle frappé, le réprouvé mangea et but fort peu, et passa la plus grande partie de son temps à rouler de la mie de pain entre ses doigts d’une façon étrange et distraite et à observer la figure de son compagnon. Il ne parla que lorsque son maître lui adressa la parole, et encore fut-ce d’un ton contraint, à moitié machinal, qui eût étonné toute autre personne moins indifférente que Dunbar aux sentiments de ses semblables.

L’Anglo-Indien acheva son déjeuner, quitta la table