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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

que le ciel me pardonne, pourquoi est-il si difficile d’aimer avec sagesse et si facile d’aimer follement ?… »

Elle se rappela ce mot français : Quand on n’a pas ce que l’on aime il faut aimer ce que l’on a ; mais ce dicton railleur ne la consola guère.

Elle retourna à Bayswater avec un étrange, un indéfinissable sentiment, après avoir promis à son père de venir le voir aussi souvent qu’il le lui demanderait ; ce n’était pas qu’elle ressentît du chagrin ou le désir de revenir sur ce qu’elle avait dit, non plus que la répugnance pour l’engagement qu’elle venait de contracter ; le sentiment qui l’oppressait était la conscience que cet acte aurait dû être le résultat d’un choix spontané de son cœur reconnaissant et non la soumission à la volonté d’un père exaspéré par la misère.