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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

cloches de Noël avaient sonné à pleine volée dans les ombres de la nuit.

Diana s’était assise sur un petit tabouret. Elle jouait avec la cordelière de la robe de chambre de son amie, impatiente de parler.

L’aveu était humiliant à faire.

Elle était gênée.

Les mots ne venaient pas.

« Charlotte, dit-elle enfin un peu brusquement, savez-vous à peu près à quelle époque vous devez vous marier ? »

Mlle Halliday poussa un petit cri de surprise.

« Mais, naturellement, non, Diana. Comment pouvez-vous me faire une pareille question ? Notre mariage est ce que mon oncle George appelle une éventualité éloignée. Nous ne devons pas nous marier de longtemps, pas avant que Valentin ne se soit fait une situation dans la littérature. Il faut qu’il se soit assuré un revenu qui semble presque impossible à conquérir. C’est la condition expresse à laquelle M. Sheldon… papa… a donné son consentement. Il a été très-sage à lui de penser à ces choses, et comme il a été très-bon envers moi, il faudrait que je fusse bien ingrate, si je refusais de suivre ses avis.

— Et je suppose que cela veut dire que votre engagement est un engagement à long terme ?

— À très-long terme. Et qu’y a-t-il de plus heureux qu’un pareil engagement ? Cela donne le temps de connaître parfaitement l’homme qu’on doit épouser. Je pense que je connais à fond les pensées de Valentin, ses goûts, ses idées, et je me sens chaque jour devenir plus semblable à lui. Je lis les livres qu’il lit, pour pouvoir en parler avec lui, vous comprenez, mais je ne suis pas