Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Eh bien, ma chère, je pense qu’il est du nombre de ceux que beaucoup de personnes trouvent beaux. Je suis sûre qu’il vous plairait, Charlotte, Il est si franc, si spirituel, si plein de force et de courage, de ces hommes qu’on aime à voir près de soi en cas de danger, de ces hommes près desquels il semble qu’il soit impossible d’avoir peur,

— Diana ! s’écria tout à coup Charlotte, vous l’aimez ! …

— Charlotte !…

— Oui, chère, vous l’aimez, répéta Mlle Halliday en embrassant son amie avec affection. Oui, vous avez la tête perdue d’amour pour lui. Et vous avez honte de m’avouer la vérité, et vous avez presque honte de l’avouer à vous-même, comme si on pouvait tromper un vieux renard comme moi ? s’écria Charlotte éclatant de rire. Et vous, chère inconstante, pendant que je me reprochais d’être la plus coupable et la plus égoïste des créatures du monde pour vous avoir volé l’amour de Valentin, vous transfériez tranquillement vos affections à M. Gustave Lenoble, qui est assez jeune, très-riche, très-brave, très-loyal, très-généreux, et que beaucoup de gens trouveraient beau. Soyez bénie mille fois, ma chérie, vous qui me rendez si heureuse !

— En vérité, Charlotte ?

— Oui, chère, la pensée que votre vie était sans intérêt, sans but, jetait un sombre nuage sur la mienne. Je savais que j’avais été fort égoïste, sans le vouloir, mais je ne pouvais pas m’empêcher de sentir que je n’étais pas complètement exempte de reproche. Maintenant il n’y a plus pour moi que du bonheur. Oh ! ma chérie, il me tarde de voir votre M. Lenoble !

— Vous le verrez, ma chère.