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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Charlotte se soumit et Diana partit seule.

Elle trouva Gustave qui l’attendait : il lui proposa une promenade, et le capitaine s’extasia sur les vertus du grand air et le bien qui en résultait.

Les amoureux sortirent donc par une sombre après-midi d’hiver et errèrent dans les tristes régions de Pimlico jusqu’à Saint James Park ; Gustave ravi d’avoir Diana à son bras, et Diana surprise par une sensation de bonheur qu’elle ne pouvait croire réelle, tant elle était nouvelle pour son pauvre cœur.

Gustave était tout passion, tout enthousiasme, tout à ses plans d’avenir. Il aurait voulu que le mariage eût lieu tout de suite. Hic et nunc, disait-il, si la chose avait été possible, mais Diana lui en démontra l’impossibilité.

Son premier devoir était pour les seuls amis qu’elle eût jamais connus.

Gustave discuta la question pendant près d’une heure, temps qu’il leur avait fallu pour arriver à la grille de Saint James Park ; mais Diana était toujours aussi résolue.

« Quelle épouse tyrannique je suis destiné à avoir ! dit Gustave, je crois que vous vous souciez plus de ces Sheldon que de moi, Diana.

— Ces Sheldon ont été si bons pour moi dans le passé !

— Et je veux être si bon pour vous dans l’avenir, répondit Gustave. Vous serez la femme la plus heureuse de la Normandie, si le dévouement d’un mari vous aimant jusqu’à l’idolâtrie peut vous rendre heureuse.

— Qu’ai-je fait pour mériter un tel dévouement ? murmura Diana d’un air surpris.

— Ce que vous avez fait ? Rien, moins que rien. Vous ne voulez même pas courir le risque d’offenser votre