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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Je crains qu’il n’ait fait des dettes, dit la mère, et qu’il ne soit à avouer ses folies à ton père. Je ne sais pas comment nous ferons pour les payer, à moins que cela ne soit avec la dot de Madelon, et ce serait assez peu honorable. »

Une demi-heure s’écoula avant qu’aucun bruit vînt rompre le silence de la tranquille maison.

Le crépuscule avait fait place à la nuit, lorsque l’on entendit un battement de portes et que des pas résonnèrent dans le vestibule.

La porte du salon s’ouvrit et M. Lenoble parut seul.

Au même instant la porte de sortie se fermait lourdement.

M. Lenoble alla tout droit à la fenêtre ouverte et en baissa les jalousies ; il alla ensuite à la seconde fenêtre, dont il ferma soigneusement les volets, tandis que les deux femmes le regardaient avec étonnement, car il n’avait pas l’habitude de remplir ces fonctions.

« Je chasse un vagabond ! dit-il d’une voix froide et cruelle.

— Où est Gustave ? s’écria la mère alarmée.

— Il est parti.

— Mais il va revenir, n’est-ce pas, tout de suite ?

— Jamais tant que je vivrai ! répondit M. Lenoble. Il a épousé une aventurière et je le renie pour mon fils ! »