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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/101

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Ce qu’il y avait de plus sage à faire, je ne saurais vous le dire, répondit Burkham, presque aussi désespéré que celui qui lui adressait cette question. Je puis vous donner le nom de l’homme le plus apte à aller au fond d’une pareille affaire, un homme habituellement nommé dans les enquêtes criminelles… le docteur Jedd. Vous avez entendu parler du docteur Jedd, bien certainement. Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de vous rendre immédiatement auprès de lui et de l’emmener avec vous voir Mlle Halliday ; son nom seul suffira pour effrayer M. Sheldon.

— J’y vais à l’instant… Et son adresse… où puis-je trouver le docteur Jedd ?

— Dans Burlington Row… Mais il y a une chose à considérer.

— Laquelle ?

— L’intervention du docteur Jedd peut ne faire que pousser cet homme à un acte désespéré. Il peut hâter le dénoûment comme il l’a fait précédemment. Si vous aviez vu son sang-froid à cette époque, si vous l’aviez vu au lit de mort de ce pauvre garçon, le rassurant par des paroles amicales, riant et plaisantant suivant les phases de sa maladie, de sa douloureuse agonie, et toutes les misères d’une pareille mort, sans jamais s’arrêter dans son œuvre… si vous l’aviez vu, vous comprendriez quel effroi j’éprouve à vous donner un conseil. Cet homme a été aussi déterminé que froid en assassinant son ami. Cette fois il sera plus impassible encore.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il est plus avancé dans la science du meurtre. Les symptômes de l’empoisonnement du pauvre fermier du comté d’York étaient ceux de l’empoi-