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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/114

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Je comprends, moi, et cela suffit… Vous mettrez la licence dans votre poche et vous irez à l’église la plus rapprochée de votre domicile annoncer votre mariage et remplir les formalités ordinaires, et aussitôt que Charlotte pourra supporter le voyage, vous l’amènerez à Londres et vous l’épouserez. Je vous avais tracé la conduite que vous aviez à suivre, il y a six mois. Votre entêtement a mis en péril la vie de votre femme. Ne retombez pas une seconde fois dans la même faute.

— Je me laisserai gouverner par vos conseils, dit Valentin avec soumission, mais c’est le retard qui me torture. »

Les délais en effet étaient une torture pour lui. Tout et tous, dans les bureaux des Doctor’s Commons, lui semblaient être l’incarnation de la lenteur.

Le cab pouvait brûler le pavé avec fracas, le cocher pouvait jurer jusqu’à ce que la lourde charrette lui livrât passage, mais ni le bruit ni les jurons ne pouvaient émouvoir l’impassibilité incarnée des fonctionnaires de Doctor’s Commons.

Quand il quitta cet antique Sanctuaire des vieux usages, il emportait la bénigne permission de l’archevêque de Canterbury pour son union avec Charlotte ; mais il ne savait pas si ce n’était pas seulement un morceau de papier gâché qu’il avait dans sa poche, et si, avant peu, il ne serait pas obligé de requérir un plus lugubre certificat, lui conférant la licence de rendre la cendre à la cendre et la poussière à la poussière.

La première visite de Valentin, après avoir quitté George, fut pour le club ; son cœur défaillit quand il demanda au bureau s’il y avait un télégramme pour lui.

Heureusement il n’en était pas venu.