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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/122

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

mais si le fait est vrai, il faut qu’il ait fait plus d’affaires qu’il n’en fait depuis que je suis avec lui. Je ne vois pas comment un homme peut gagner la fortune d’un Rothschild, en prélevant accidentellement deux et demi pour cent sur le transfert de Consolidés à l’acquisition desquels quelque vieille femme emploie ses économies, et ce sont là les seules affaires que j’aie vu se traiter dans ces derniers temps. Comme de raison, votre frère a d’autres fers au feu, car c’est un habile homme que votre frère, et je ne dois pas m’attendre à ce qu’il me tienne au courant de toutes ses opérations.

— Ah ! dit George. Ainsi donc mon frère ne vous dit pas grand’chose de ses affaires ? Mauvais signe, selon moi. Alors il semblerait être plutôt dans la mauvaise veine que dans la bonne, n’est-ce pas ?

— Dame ! on ne sait jamais avec ces gens qui sont muets comme des carpes, il peut avoir pris des dispositions à long terme et se tenir tranquille en attendant les événements. Il s’est peut-être lancé dans une affaire avec toutes ses forces sur de sûrs renseignements ; mais je connais une valeur sur laquelle il doit perdre.

— Quelle est-elle ?

— C’est l’Emprunt Phénicien. Il a spéculé sur les obligations quand elles ont été émises, et depuis ce temps-là elles n’ont fait que baisser, avec une régularité désespérante. Il les a achetées, en mars, et depuis lors il a payé pour les faire reporter en attendant qu’elles remontent.

— Les obligations peuvent se consolider.

— Oui, elles le peuvent, mais d’un autre côté elles peuvent continuer à dégringoler. Il y a là les cours de la Bourse relevés de la main même de votre frère. La baisse est constante, vous le voyez. « Envoyez-moi un