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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/149

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sonne, seul, répondit froidement le docteur, c’est-à-dire en présence de sa garde-malade.

— Comme il vous plaira, » dit Sheldon.

Il rentra dans son cabinet.

Georgy était là assise dans un coin et faisait entendre de faibles gémissements. Près d’elle était Diana, muette et triste.

Une tristesse lugubre, comme celle de la tombe, régnait dans toute la maison.

Sheldon se jeta sur un siège avec un geste d’impatience ; il avait traité légèrement l’inconvénient de l’enlèvement des tapis, mais il commençait à en comprendre le désagrément.

La présence de ces deux femmes dans son cabinet lui était insupportable. Il lui semblait qu’il n’y avait pas dans la maison une seule pièce où il pût être seul, et jamais il n’avait eu plus cruellement besoin de méditer dans la solitude qu’en ce moment.

« Voyez à ce qu’on nous fasse dîner quelque part, qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas de tapis, dit-il à sa femme. Il nous faut une pièce pour dîner, et je ne puis vous garder ici. J’ai des lettres à écrire. »

Mme Sheldon et Diana comprirent à demi-mot.

« Il est certain que je n’ai que faire ici, ou partout ailleurs, s’écria Georgy d’un ton lamentable. Je suis si malheureuse au sujet de Charlotte, que si je pouvais me coucher et mourir ce serait un soulagement pour moi. C’est véritablement une dérision de parler de dîner dans un moment comme celui-ci. C’est juste comme au temps de la maladie de mon pauvre Tom où l’on faisait cuire des volailles et toutes sortes de choses dont personne ne mangeait.

— Pour l’amour du ciel, allez-vous-en, s’écria Shel-