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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/169

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

et en me jetant à la mer. C’est la manière d’agir en ce monde. Vous êtes une vraie femme du comté d’York et vous savez comment disposer vos cartes pour gagner la partie. Mais si je contrecarrais votre jeu en vous jetant à la porte, qu’arriverait-il ?

— Je ne crois pas que vous feriez cela, monsieur.

— Et pourquoi pas, je vous prie ?

— Je ne crois pas que vous oseriez faire cela à la face du docteur étranger.

— Vous ne le croyez pas ?… Ainsi donc le docteur Jedd est le maître dans cette maison, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur. Jusqu’au rétablissement de cette pauvre enfant, si elle doit se rétablir jamais, je considère le docteur Jedd comme le maître réel en cette maison.

— Madame Woolper, vous avez un rude aplomb, j’ose le dire. »

Il n’en put dire davantage : il n’était pas l’homme des discours passionnés ou déclamatoires.

Ses formules pour exprimer ses pensées étaient limitées et concises.

« Vous avez un rude aplomb ! » répéta-t-il entre ses dents.

Puis il lui tourna le dos et sortit en ouvrant et en fermant la porte avec moins de précaution que lors de son entrée.

La porte de la chambre en face était légèrement ouverte et Diana se tenait debout derrière, habillée comme elle l’avait été tout le jour.

« Quoi ! s’écria-t-il avec impatience, vous aussi vous êtes levée ?

— Oui, monsieur Sheldon ; je ne puis dormir quand Charlotte est aussi malade.