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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/189

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il monta à l’étage supérieur, composant son visage pour la circonstance. Il frappa tranquillement à la porte de la chambre qui aurait dû, de toutes les chambres de la terre, lui paraître la plus terrible.

Point de réponse.

Il frappa un peu plus fort. Encore, pas de réponse.

« N’y a-t-il personne ici ?… personne excepté… »

Il ouvrit la porte et entra parfaitement calme pour regarder la tranquille dormeuse, que son appel ne réveillerait pas, que sa présence ne troublerait pas.

Il n’y avait aucune garde auprès du lit ; tout était arrangé dans l’ordre le plus parfait ; mais il lui sembla que des objets manquaient dans la chambre, objets qu’il avait eu coutume de voir pendant la maladie de la jeune fille, et qui s’associaient pour lui avec son souvenir.

La pendule qui était sur la table auprès du lit ; une bibliothèque ; une chaise basse recouverte en tapisserie, œuvre de sa mère et de Diana. La chambre paraissait nue et vide sans ces objets, et Sheldon se demandait quelle main officieuse les avait enlevés.

Au fond était le petit lit enveloppé de rideaux blancs soigneusement tirés.

Sheldon marcha tranquillement par la chambre et s’approcha du rideau.

Il avait contemplé le sommeil de mort du père de Charlotte ; pourquoi ne contemplerait-il pas le sien ?

Elle n’était pas là.

Les rideaux tirés n’enveloppaient que le lit où elle avait reposé d’un sommeil tranquille depuis qu’elle était jeune fille.

Cette froide dépouille aux formes rigides que Sheldon s’attendait à voir n’était pas là.

Il porta la main à sa tête complètement stupéfait.