Aller au contenu

Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ruine complète. Les intérêts de Charlotte se confondaient dans les intérêts de son mari. Il ne lui restait plus l’ombre d’un droit sur la fortune de Haygarth.

Sa ruine était complète et cruelle. Depuis longtemps sa position était désespérée, il n’avait d’autre issue que la sombre route dans laquelle il s’était engagé et cette issue elle-même lui était fermée.

Le jour approchait où les faux billets sur des compagnies imaginaires seraient protestés et le protêt de ces billets, c’était la fin de toutes choses pour lui, la révélation complète des artifices malhonnêtes à l’aide desquels il était parvenu à maintenir sa barque à flot sur les eaux commerciales.

Il examina sa position sous toutes les faces avec calme et résolution, et il vit qu’il ne lui restait pas un espoir.

Tout le problème de son existence se bornait à la question de savoir quelle somme d’argent comptant il pourrait emporter de cette maison et dans quelle direction il porterait ses pas après l’avoir quittée.

Son premier soin devait être de s’assurer si le mariage, attesté par l’acte qu’il avait entre les mains, avait réellement eu lieu, ensuite rentrer en possession des pièces qu’il avait remises à Kaye.

Avant de quitter la maison, il entra dans son cabinet, où il examina le livre de son banquier.

Les choses étaient telles qu’il lui avait été dit à la Banque : il avait plus qu’épuisé la somme portée à son crédit.

Parmi les lettres qu’il trouva non décachetées sur son bureau, il y en avait une émanant de l’un des administrateurs de la Banque Unitas, qui appelait poliment et respectueusement son attention sur cet oubli de sa part.