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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/261

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Je vais me rendre à Bayswater et voir si je puis avoir là des nouvelles de votre patron, dit-il à Orcott.

— Il n’y était pas hier quand j’y suis allé et la servante n’a rien pu me dire sur le lieu où il s’est rendu, répondit froidement le jeune homme.

— En vérité ! s’écria le porteur de la traite impayée avec inquiétude, voilà qui n’est décidément pas bien. Un homme d’affaires ne doit pas se comporter ainsi. »

Il prit un cab et se fit conduire à Bayswater. Il arriva devant la belle villa gothique avec ses toits en pointes et ses cheminées sculptées, et sur les fenêtres du rez-de-chaussée lui apparurent les affiches d’un commissaire-priseur du West End annonçant en grandes lettres que le bail de cette charmante habitation ainsi que le mobilier qui la garnissait, linge, livres, porcelaines, argenterie, gravures d’après les plus grands artistes modernes, des vins de choix, seraient adjugés le lendemain aux enchères publiques.

La victime de Sheldon entra dans la maison et il trouva quelques hommes préparant tout pour la vente.

« Que signifie tout cela ? s’écria-t-il avec épouvante.

— Un acte de vente, monsieur, au profit de MM. Naphtali et Zabulon. »

Cette réponse suffisait. Le porteur du billet revint dans la Cité. Une autre traite vint à échéance le lendemain, et avant le luncheon on savait partout que c’en était fait du crédit de Sheldon.

« J’avais toujours pensé qu’il était débordé, disait-on dans un groupe.

— C’est le dernier que j’aurais supposé voir mal finir », disait-on dans un autre groupe.

Vers la fin de la journée arriva la fatale proclamation : Philippe Sheldon est en fuite et ne paiera pas ses différences.