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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/264

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

L’enfant de Mme Lenoble était une fille, et dans ce fait les deux amies voyaient une intervention manifeste de la Providence.

« Ne serait-ce pas charmant si en grandissant ils s’éprenaient d’amour l’un pour l’autre et s’ils se mariaient ensemble ? » s’écria Diana.

Charlotte déclarait qu’un pareil événement semblait en quelque sorte présagé par la conduite présente des deux enfants.

« Il la connaît déjà, s’écria-t-elle en regardant au dehors la petite créature avec sa longue robe de mousseline blanche que la nourrice promenait sous le ciel bleu, et, tenez, leurs plaintes se répondent !… car j’entends leurs vagissements plaintifs. »

Et les deux mères s’élancèrent vers la terrasse et allèrent contempler leurs trésors avec idolâtrie, jusqu’au moment où ils furent saisis d’un de ces accès de douleurs mystérieuses auxquelles sont sujets les enfants au maillot et où, pour calmer leurs cris, il fallut les rendre à leurs nourrices.

« Cher ange, dit Gustave en parlant de sa petite fille, elle a le même cri que Clarisse à son âge, un de ces cris perçants qui vous pénètrent jusqu’au cœur. Te figures-tu que ta voix était aussi perçante que cela, ma belle, dans ce temps-là ? »

Il embrassa la charmante enfant qui courut rejoindre la procession qui suivait les deux enfants, les nourrices alarmées, les mères presque folles, les bébés criant et les deux jeunes filles tout inquiètes.

« C’est un vrai tourbillon, dit Gustave à Valentin. Ces femmes, comme elles aiment leurs enfants ! »

Et il récita ces vers :