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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/284

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Bretagne se réjouissaient pendant que les patineurs prenaient leurs ébats dans les parcs, que les cochers des voitures de place demandaient de fabuleux pourboires à leurs pratiques, et que les chevaux, surmenés et mal nourris, tombaient à chaque détour de rue et que la montée d’Holborn était aussi dangereuse qu’une montagne des Alpes.

Pour George, ni le temps ni Noël n’étaient d’une grande importance.

Le cours monotone de sa vie était peu troublé par les fêtes et les dissipations : un verre de plus à la taverne, une invitation à dîner chez quelqu’un de ses amis, tels étaient les événements probables qui devaient amener quelque changement dans ses habitudes.

Il vit les boutiques briller d’un éclat inaccoutumé, il eut conscience d’un mouvement plus vif et plus gai que le mouvement affairé de chaque jour, mais il se tint à l’écart et fut heureux quand les fêtes de Noël furent passées et que les cours de justice rouvrirent leurs portes.

Sheldon s’était engagé à aller dîner chez un marchand de chevaux retiré des affaires, tout gonflé d’orgueil par la possession de la nouvelle habitation qu’il avait acquise.

« Venez voir ma résidence, Sheldon, dit le gentleman ; je ne prétends pas dire que c’est ce qu’on peut voir de plus beau, mais j’y fais venir dans mes serres des ananas et des raisins et j’y puis trouver un aussi beau dessert que celui que vous pourriez vous procurer au marché de Covent Garden avec un billet de cinq livres. C’est la fantaisie de ma femme et je puis la satisfaire, pourquoi ne le ferais-je pas ? Vous viendrez manger avec nous votre dîner de Noël, Sheldon. J’ai un ami