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LA FEMME DU DOCTEUR.

drew Morgan et Sigismund Smith y étaient peints en lettres blanches comme sur la première porte.

Un jeune homme blême, orné d’une tache d’encre sur le bout du nez et de poignets de chemise tout maculés, ouvrit la porte.

— Sam !… George !… — s’écrièrent simultanément les deux jeunes gens.

Ils se serrèrent la main, avec effusion, comme disent les auteurs dramatiques français.

— Ce bon George !

— Cet excellent Sam ! mais tu t’appelles Sigismund, aujourd’hui ?

— Oui, Sigismund Smith. Cela sonne bien, n’est-ce pas ? Si le malheur veut qu’un homme s’appelle Smith, le moins qu’il puisse faire est d’effacer cette mauvaise impression par son prénom. Nul individu de quelque valeur, répondant au nom de Smith, ne consentira à signer Samuel. Mais entre, cher ami, et pose là ton sac de nuit. Débarrasse cette chaise de ces papiers… là, près de la fenêtre. N’aie pas peur de les abîmer, on ne saurait les froisser plus qu’ils ne le sont. Si cela t’est égal de consacrer une heure à la lecture du Times, pendant que je termine ce chapitre de la Fiancée du Contrebandier, je pourrai après cela déposer la plume et être entièrement à tes ordres. Mais le gamin de l’imprimerie va revenir dans une demi-heure chercher cette fin de chapitre.

— Je ne souffle plus mot, — dit George respectueusement.

Le jeune homme au nez taché était un auteur, et George se sentait intimidé par la solennité de la vocation de son ami.

— Continue, mon bon Sam, je ne t’interromprai pas.