Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
LA FEMME DU DOCTEUR.

comme il y en a tant, désireuse de quitter son mari. De vagues aspirations vers la sainteté chrétienne remplissaient son cœur insensé ; mais elle ne savait pas encore le moyen de leur donner une forme quelconque. Quand l’assemblée se leva pour quitter l’église, elle resta la dernière, puis elle sortit lentement, résolue à revenir entendre cet étonnant prédicateur. Elle se rendit à la petite station d’où l’omnibus de Graybridge devait partir à huit heures et demie, et, après avoir attendu un quart d’heure, elle prit place dans un angle du véhicule. Il était près de dix heures quand elle sonna à la porte de son mari : Mathilda vint lui ouvrir avec un visage sévère.

M. George a dîné et a pris son thé seul, madame ; — dit-elle avec un ton de reproche effrayant, pendant qu’Isabel se tenait devant le petit miroir du salon, retirant — son chapeau, et il est reparti pour visiter quelques malades dans le quartier, de l’autre côté de l’église. Il était très-inquiet de votre absence.

― Je suis allée à Hurstonleigh entendre le sermon de M. Colborne, — répondit Isabel en s’efforçant de paraître à l’aise. — J’avais si souvent entendu parler de lui que je désirais l’entendre.

Il est vrai qu’elle avait entendu parler, à l’église de Graybridge, de M. Golborne ; mais il n’était pas vrai du tout qu’elle eût eu jamais le plus faible désir de l’entendre. Sa vie entière n’avait-elle pas été circonscrite par un cercle magique dont Roland était le centre resplendissant ?