Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
LA FEMME DU DOCTEUR

mais qui contenait tout un monde de Colère résumé dans sa sombre fureur. Il la regarda, croisant lentement ses bras et se dressant de toute sa hauteur. Il leva les épaules, avec un geste de dédain, comme s’il se débarrassait d’un fardeau, puis il se détourna et quitta sa place. Mme Gilbert entendit son pas décidé sur l’escalier et elle se leva assez à temps pour le voir passer sous le portail. Il est fort agréable d’avoir une place dans l’histoire romanesque, mais il y a d’amères douleurs à souffrir dans une existence comme celle de Mlle de La Vallière.

CHAPITRE XXIX.

UN SOUFFLE D’ORAGE.

Il y avait un omnibus qui devait ramener Mme Gilbert à Graybridge après le service d’Hurstonleigh ; mais il était venu à l’église quelques habitants de Graybridge qu’elle trouva arrêtés dans le cimetière, causant avec quelques villageois modèles, et prodiguant des éloges enthousiastes à l’éloquence de M. Colborne.

Parmi ces habitants de Graybridge se trouvait Mlle Sophronia Burdock, la fille du brasseur, très-parée d’un chapeau lilas clair, d’une nuance assez vive pour faire disparaître ses taches de rousseur, et accompagnée du jeune Pawlkatt, le fils du médecin, et de la sœur de celui-ci, demoiselle au nez pointu, au visage anguleux, qui accueillit la femme du médecin