Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
LA FEMME DU DOCTEUR.

ser à lui ; mais, dans l’état des choses, il existait un moyen plus facile et plus prompt de se procurer l’argent. Roland, Roland lui-même, qui était riche, et pour qui cinquante livres, — si forte que la somme parût à la jeune femme, qui n’avait jamais entre les mains un billet de dix livres, — ne devait être qu’une chose insignifiante, Roland était la seule personne qui pût lui venir en aide immédiatement. C’était à lui qu’elle s’était adressée. Ah ! avec quel douloureux sentiment de honte et d’angoisse ! Et c’était pour remettre l’argent qu’elle avait obtenu ainsi, qu’elle venait trouver son père dans le Ravin de Nessborough, la nuit de ce triste dîner à Lowlands. L’idée de prévenir Roland du danger qu’il courait ne lui vint pas un instant à l’esprit. N’était-il pas un héros, et n’aurait-il pas inévitablement couru au-devant de ce péril ou de tout autre ?

Elle songea à sa position avec toute la terreur illogique d’une faible femme ; et le seul plan qui se présenta à son esprit fut celui qu’elle mit à exécution. Elle voulait éloigner son père avant qu’une allusion quelconque faite par des lèvres étrangères lui apprît que l’homme qu’il haïssait mortellement était si rapproché de lui.

CHAPITRE XXXV.

« UNE MORT PROMPTE N’EST-ELLE PAS PRÉFÉRABLE ? »

Après sa dernière entrevue avec son père dans le Ravin de Nessborough, un sentiment de paix s’empara d’Isabel. Elle l’avait questionné sur ses projets et il