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DU SERPENT.

« Allons, madame, nous ne sommes pas en train de jouer une comédie. Vous voulez me mettre à la porte ? Pourquoi agiteriez-vous cette sonnette, au bruit de laquelle Finette seule peut répondre, puisqu’il n’existe nulle autre personne dans ce charmant petit séjour ? Je n’aurais pas peur de Finette, fussiez-vous même assez imprudente pour l’appeler, et je ne vous quitterai pas avant que vous ne m’ayez fait la faveur de m’accorder un entretien. Au reste, je ne viens pas parler à Valérie de Cévennes, mais à Valérie de Lancy, Valérie Robert le Diable, Valérie Don Juan. »

De Lancy est le nom du ténor à la mode. Cette fois ses lèvres minces tremblent avec un mouvement rapide et convulsif. Ce qui fait saigner son cœur plein de fierté, c’est le mépris avec lequel cet homme parle de son époux. Est-ce donc une si grande flétrissure que cette union de la fortune, du rang, de la beauté, avec le talent et la pauvreté ?

« Monsieur, dit-elle, vous avez découvert mon secret ; j’ai été trahie, soit par ma servante, soit par le prêtre qui a béni mon mariage, peu importe. Vous qui, d’après votre conduite de ce soir, êtes évidemment un aventurier, une personne à laquelle il serait complètement inutile de parler d’honneur, de chevalerie et de sentiments de gentilhomme ; mots, sans nul doute, dont vous n’avez jamais connu la signification ; vous désirez faire tourner à votre profit