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DU SERPENT.

pendant toute cette scène, est-il d’une force ? Quel fameux acteur il ferait au Théâtre Victoria de Londres ! Le voyez-vous dans Gonzalve l’innocent, ou bien dans les Soupçons ? Que le diable m’emporte, ajouta M. Jinks, s’il ne vaudrait pas au moins deux livres par soirée, et un bénéfice par mois ! »

Tout en faisant ces remarques élogieuses, M. Jinks et son ami avançaient toujours. Richard, étonné, étourdi et ne cherchant plus à résister, marchait entre eux ; mais bientôt M. Jinks daigna répondre aux questions du prisonnier, et voici comment :

« Vous demandez de quelle enquête il s’agit ? C’est une enquête au sujet d’un homme qui a été cruellement assassiné. Vous demandez qui est mort ? C’est votre oncle qu’on a assassiné. Vous voulez savoir pourquoi nous vous ramenons à Slopperton ? Parce que c’est vous qui avez commis le crime.

— Mon oncle !… mon oncle assassiné !… s’écria Richard en pâlissant tout à coup ; car pendant toute cette scène il avait seulement paru étonné sans céder un seul instant à la crainte.

— Oui, assassiné, la gorge coupée d’une oreille à l’autre.

— Cela ne se peut pas, dit Richard, il doit y avoir une horrible méprise. Mon oncle Montague Harding assassiné ! cela ne se peut pas : je lui ai dit adieu hier soir à minuit.

— Et ce matin on l’a trouvé assassiné dans son lit ;