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DU SERPENT.

barbare, et, en outre, il avait été commis dans un rang recommandable de la société.

Autour de cette maison isolée du Moulin Noir, il y eut un rassemblement et un tumulte considérables toute cette courte journée brumeuse durant laquelle fut arrêté Richard Marwood.

Les journalistes étaient là, commentant avec une merveilleuse pénétration les particularités de l’assassinat, qui n’étaient encore connues que des chefs de la police de Slopperton.

Que de lignes, à un penny chacune, écrivirent ces messieurs sur le lugubre événement sans savoir la moindre chose de ce qui s’était passé, nul n’eût osé le dire de ceux qui n’étaient pas initiés aux mystères de leur métier.

Les deux journaux qui parurent le vendredi contenaient des récits différents de l’assassinat, et le journal qui paraissait seul le samedi donna un heureux amalgame de ces deux comptes rendus, démontrant par là la supériorité de la colle et des ciseaux sur la copie à un penny la ligne.

Les chefs supérieurs de la police de Slopperton, revêtus de leur uniforme, ne firent qu’entrer et sortir du Moulin Noir dès la première heure de ce sombre jour de novembre. Chaque fois qu’ils paraissaient dehors, quoique aucun d’eux n’articulât un seul mot, un nouveau rapport circulait, par quelque étrange magie, dans le rassemblement. Je pense