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LA TRACE

homme, enfermé dans un asile de fous à Slopperton, comme du plus grand héros, après Napoléon Bonaparte, que le monde eût jamais glorifié. Elle était petite fille de onze ans à l’époque du procès de Dick, et n’avait jamais vu l’écervelé camarade de son plus écervelé frère ; elle considère maintenant le beau visage au teint brun, ayant un regard presque respectueux dans ses yeux bleus et profonds. Mais Belle n’est en aucune façon une héroïne, et elle a une douzaine d’occupations qui ressemblent fort peu à celles d’une héroïne. Elle a le thé à verser et elle échaude les doigts de Richard dans son agitation nerveuse ; elle jette le sucre dans sa théière, et verse tout le lait dans une tasse à thé. Il est impossible de dire ce qu’elle eût fait sans l’assistance de M. Peters, mais ce gentleman se montra le véritable génie de l’ordre, il prépara de minces tartines de beurre pour une demi-douzaine de personnes, et personne de la société n’y toucha ; remplit de nouveau la théière avant qu’elle fût vide, alluma la lampe à gaz qui était suspendue au plafond, ferma la porte qui communiquait avec la pharmacie, et l’autre porte qui conduisait à l’escalier ; et fit tout cela si tranquillement que personne ne s’aperçut après tout qu’il eût fait quelque chose.

Pauvre Richard ! malgré la reconnaissance et le bonheur qu’il éprouve pour sa délivrance, il y