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LA TRACE

les doigts, M. Peters désignant Richard d’un coup de coude, je me tenais de l’autre côté de la voie, attendant que mon supérieur Jinks, qui était autant à son affaire qu’une chatte faisant ses petits (M. Peters avait tout à fait ce que nous pourrions appeler une méthode fantaisiste d’orthographier, retranchant la lettre finale de certains mots pour l’accoler à d’autres, suivant l’inspiration de son goût), attendant, dis-je, que Jinks réclamât mon assistance. Voilà donc, monsieur, en demandant pardon à madame, car elle veille si bien comme un homme, sans se laisser aller aux défaillances et aux accès nerveux communs à son sexe, que j’oubliais complètement qu’elle fût une femme. Voilà donc que je n’eus pas plutôt jeté les yeux sur M. Marwood qui était là à fumer sa pipe au nez de Jinks, lui répondant vivement et ayant une allure que nous pourrions comparer à celle d’un coq ; que je me dis, on a arrêté un innocent. Mes premières paroles et mes dernières sur le compte de ce gentleman ici présent, furent : on a arrêté un innocent. »

M. Peters promena un regard de triomphe sur ses auditeurs attentifs, se frotta les mains en manière de ponctuer son récit, et continua sa narration manuelle.

« Pourquoi ? dirent les doigts interrogativement ; pourquoi avais-je la conviction que ce gentleman n’était pas coupable de ce meurtre ; pourquoi pen-