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LA TRACE

l’écouter ou de le comprendre que les pierres, les briques et le mortier eux-mêmes. La routine est la règle de cette vaste prison ; et si ce malheureux, ce criminel insensé ne peut vivre avec les règles et la discipline, il doit mourir en les suivant, et être enterré d’après elles ; et lorsqu’il aura ainsi débarrassé la place, sa petite chambre no 35 sera prête pour quelque autre, aussi méchant, aussi dangereux et aussi infortuné que lui.

Le bruit qui circula d’abord dans l’asile fut, qu’ayant été reconnu coupable d’avoir commis un meurtre, il pourrait, très-vraisemblablement, trouver nécessaire, dans sa disposition particulière d’esprit, d’assassiner quiconque se rencontrerait sur son chemin, chaque matin avant déjeuner. La surveillance exercée sur lui fut, en conséquence, très-sévère. Dans les premiers jours il fut plutôt connu dans l’asile comme ayant joué un rôle célèbre dans le public ; et les gardiens, quoique un peu timides pour s’approcher de lui en personne, étaient extrêmement enchantés de l’observer par une petite ouverture ovale percée dans le panneau supérieur de la porte de sa cellule. Ils amenaient aussi certains visiteurs qui venaient perfectionner leur intelligence en faisant une visite à l’hôpital des fous et désiraient jouir de la vue spéciale et particulière de cet assassin condamné, et généralement cela leur faisait gagner un shilling de pourboire comme extra.