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LA TRACE

Tout objet dans cet appartement, quoique étant parfait de forme et de nuance, est d’un style simple et calme ; on n’y voit pas de ces meubles de Boule, à dorures et à marqueteries, de ces fleurs artificielles, de ces estampes françaises, de ces boîtes à musique qui pourraient orner le boudoir d’une danseuse de l’Opéra, ou d’une femme de parvenu. Les fauteuils, les somptueux sofas sont recouverts de damas blanc, et leur bois est en érable uni. Sur le marbre de la cheminée, sont deux ou trois vases de la forme la plus classique, et qui, avec le buste de Napoléon de Canova, sont les seuls ornements de la pièce. Près du foyer, dans lequel brûle un médiocre feu, se trouve une table chargée de livres, les plus récentes publications françaises, anglaises et allemandes du jour ; mais elles sont empilées en un grand tas, comme si elles avaient été parcourues l’une après l’autre et mises de côté sans avoir été lues. À côté de cette table est assise une dame, dont la beauté est rendue encore plus saisissante par la simplicité de sa toilette noire.

Cette dame est Valérie de Lancy, maintenant comtesse de Marolles, car M. de Marolles a acquis un domaine dans le midi de la France, avec une partie de la fortune de sa femme, qui lui donne le titre de comte de Marolles.

Un homme chanceux, ce Raymond de Marolles. Une belle femme, un titre et une immense fortune,