Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LA TRACE

quement dans les plus hautes et les plus aristocratiques familles, dans lesquelles les domestiques sont arrêtés, sans qu’on leur accorde aucune permission de sortir les dimanches.

Kuppins vient donc à Londres, amenant avec elle l’enfant trouvé, et, en arrivant à la gare d’Euston Square à huit heures du soir, elle se trouve lancée dans les merveilles éblouissantes de New Road.

Certainement, elle n’est pas pavée avec de l’or, cette merveilleuse cité, et elle est peut-être, après tout, actuellement un peu boueuse ; mais les boutiques ! oh ! quels centres de splendeur ! Quelle joie pleine de délices que d’être exposé à être écrasé à chaque minute ! Sans parler de cette chance délicieuse d’être bousculé par la foule qui est rassemblée autour d’une femme ivre qui se débat avec un policeman. Il doit y avoir sans doute une élection générale, ou un incendie considérable, ou un homme pendu, ou un meurtre qui vient d’être commis dans la rue voisine, ou quelque événement extraordinaire qui vient d’avoir lieu, pour qu’il y ait une telle foule de piétons rassemblés, une telle presse de cabs, de charrettes, d’omnibus et de tapissières de déménagements, roulant avec fracas, arrachant et brisant tout, équipages conduits par des cochers possédés d’un suprême degré de folie, et tirés par des chevaux aussi emportés que ce coursier célèbre qui servit au poétique et artistique châtiment de notre