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LA TRACE

remords et dans son désespoir elle ose tout, et révèle tout, qu’arrivera-t-il, alors ?

« Quoi donc, dit Raymond de Marolles, cinglant son cheval sur les oreilles avec un fouet élégant, qui mord bien, malgré son apparence frêle. Quoi donc, il ne sera jamais dit que Raymond de Marolles s’est trouvé en présence d’un dilemme sans trouver le moyen de le résoudre. Nous ne sommes pas encore vaincus et nous avons vu beaucoup de choses dans une vie de trente ans et pas le moindre danger. Jouez votre meilleure carte, Valérie, j’ai un atout à jouer dans la main quand viendra le moment ; jusqu’alors, pas un mot. Je vous dis, ma bonne femme, que j’ai des serres chez moi, et que je n’ai pas besoin de vos plantes rares de Covent Garden à deux pence la botte. »

Ces derniers mots sont adressés à une femme qui le prie ardemment de lui acheter un misérable bouquet de violettes, qu’elle tient levé pour tenter l’homme à la mode, en courant à côté des roues du cabriolet, qui marche très-lentement en traversant le Strand.

« Violettes fraîches, monsieur. Faites-moi ce plaisir, monsieur ; deux pence seulement, rien que deux pence, monsieur, par charité. J’ai une pauvre vieille femme à la maison, qui n’est pas ma parente, monsieur, mais que je soigne ; elle est mourante, monsieur, elle meurt de faim et de vieillesse.