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LA TRACE

— Si je les nettoie ! répond la jeune domestique. Certes, monsieur, j’ai la prétention de le faire, alors que je les essuie tout autour régulièrement avec mon tablier et que je souffle dessus pour les rendre brillants.

— Oh ! elle doit le faire comme elle le dit, ajoute piteusement M. Cordonner. Ne poussez pas plus loin vos investigations, Gus, vous ne faites qu’aggraver la chose. Oh ! pourquoi, pourquoi ai-je eu l’idée de faire cette question ? Pourquoi ne me suis-je pas souvenu ? C’est folie de songer à cette chose… que ce punch est délicieux !… et maintenant… »

Il appuie la tête sur sa main, ensevelit dans son mouchoir de poche son visage baissé sur sa poitrine, et reste calme.

Cependant la pharmacie n’est pas vide ; Isabelle est derrière le comptoir, très-affairée au milieu de plusieurs bouteilles, d’une mesure en verre, d’un pilon et d’un mortier, confectionnant une ordonnance, une potion pour le rhume, d’après le latin de son frère. Cette prescription eût été un document embarrassant pour toute autre personne que Belle, car elle contenait, écrits en marge, des comptes de probabilité sur le Derby de l’année prochaine, des esquisses grossières de boxeur, et celle d’un plus jeune disciple de l’art de la boxe, surnommé William Whopping, crayonnées sur le dos du susdit ; mais tout cela n’arrête pas Belle. Elle se trouve