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LA TRACE

ne dis pas que j’eusse alors le désir de mourir ; en ce moment même, je ne l’ai pas… j’avais un but dans la vie, et ce but, je l’ai encore. »

Tandis qu’elle prononce ces paroles, celui qui habite avec Blurosset, le militaire indien, le capitaine Lansdown, est entré dans la maison au moyen de son passe-partout, il est arrêté, en traversant le vestibule, par le son des voix qui arrive à lui de l’intérieur par la porte entr’ouverte du cabinet d’étude. Je ne prétends pas justifier une conduite aussi indigne d’un officier et d’un gentleman ; mais le capitaine s’arrêta dans l’ombre de l’antichambre, et écouta la voix de la personne qui parlait, comme si la vie et la mort étaient renfermées dans ses paroles.

« J’ai encore, disais-je, un but dans la vie, un but solennel et sacré : celui de protéger un innocent. Quelque grande coupable que je puisse être, je remercie le ciel de m’avoir encore donné le pouvoir de protéger mon fils.

— Vous êtes mariée, madame ?

— Je suis mariée. Vous savez cela aussi bien que moi, monsieur Blurosset. L’homme qui me conduisit la première fois chez vous doit avoir été, sinon votre complice, du moins votre collaborateur. Il vous révéla son plan, sans aucun doute, pour obtenir votre assistance dans ses projets. Je suis mariée à ce scélérat… scélérat tel que