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LA TRACE

fier, personne en mon pouvoir. Oh ! Laurent Blurosset, que n’ai-je quelques-uns de vos puissants secrets pour faire que le vent d’automne, en pénétrant par la croisée de ma belle cousine, puisse sceller sa bouche pour jamais ! »

Charmantes pensées pour occuper l’esprit dans ce jour pluvieux d’automne ; mais de telles méditations ne sont nullement étrangères à celui de M. Raymond de Marolles.

C’est d’une semblable rêverie qu’il est tiré par le bruit des roues d’une voiture, le carillon d’une sonnette et le choc du marteau de la porte cochère.

« Il est trop bonne heure pour des visites du matin. Qui peut venir à une pareille heure ? quelqu’un de la banque, peut-être. »

Il arpente son cabinet, plein d’anxiété, en se demandant qui peut être ce visiteur inattendu, quand le valet de chambre ouvre la porte et annonce :

« Le marquis de Cévennes !

— Ainsi donc, murmure Raymond, elle a joué sa première carte : elle a fait venir son oncle. Nous avons besoin de toute notre cervelle aujourd’hui. Préparons-nous maintenant à voir mon père, face à face. »

Pendant qu’il parle, le marquis entre.

Face à face, père et fils ; soixante ans, beau et pâle ; des yeux bleus, un nez aquilin et des lèvres