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DU SERPENT.

Ce discours était tant soit peu vague, aussi n’était-il pas extraordinaire que Richard n’en éprouvât pas immédiatement une grande consolation. Cependant, malgré lui, il en trouvait une considérable dans la présence de cet enfant, quoique il eût presque du mépris pour lui-même, d’attacher la moindre importance aux paroles d’un bambin à peine âgé de huit ans. Certainement ce bambin de huit ans avait une finesse qui eût été presque remarquable dans un homme du monde de cinquante, et Richard ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait pris ses grades dans quelque autre hémisphère et avait été jeté dans celui-ci, petit de taille, mais complètement développé sous le rapport de la sagacité ; il lui semblait encore qu’un homme intelligent et achevé avait été réduit aux dimensions de ce petit garçon, pour le rendre plus pénétrant, comme l’on fait bouillir un quart de jus de viande pour le concentrer en une pinte, afin d’avoir des potages plus consommés.

Mais n’importe d’où il venait et ce qu’il était, l’enfant se trouvait là, déclamant du haut de sa chaire et présentant à Richard la tasse de bouillon qui composait son souper.

« Maintenant, ce que vous avez de mieux à faire, dit-il, c’est de vous bien porter ; car jusqu’à ce que vous alliez bien, et que vous soyez assez fort, il n’y a pas la moindre probabilité de pouvoir changer