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LA TRACE

La porte s’ouvre en craquant, et M. Peters est enfin au comble de ses vœux et se trouve dans la chambre même dans laquelle le meurtre a été commis. Gus jette les yeux autour de lui, s’avance vers la croisée, ouvre les volets de toute leur largeur, et un soleil d’après-midi inonde la chambre, éclairant chaque crevasse, découvrant chaque tache de poussière sur les rideaux de lit en damas dévorés par les papillons, chaque fente et chaque souillure sur le parquet rongé par les vers.

Voir M. Darley regarder autour de la chambre, et voir M. Peters se livrant à la même opération, c’est voir deux choses complètement différentes, autant qu’il est possible à une physionomie de différer d’une autre. Les yeux du jeune chirurgien errent çà et là, ne s’arrêtent nulle part, et restent deux ou trois minutes fixés sur le même objet, avant de paraître comprendre toute la signification qui lui est attachée. Les yeux de M. Peters, au contraire, font le tour de l’appartement avec une précision et une rapidité égales, vont du nombre un au nombre deux, et du nombre deux au nombre trois ; et, après avoir fait une minutieuse inspection de tous les articles de l’ameublement dans la chambre, ils se fixent en dernier lieu, avec un regard d’une intensité concentrée, sur l’ensemble général de la pièce.

« Pouvez-vous découvrir quelque chose ? » demanda enfin M. Darley.