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LA TRACE

durci ? Qui suivra les sombres et terribles méditations de cette intelligence pervertie ?

Enfin le jour si désiré par les citoyens libres de Slopperton, et vraiment si peu désiré de quelques hôtes de la prison, qui aimaient mieux attendre leur condamnation dans cette retraite que de traverser l’Océan aux ondes amères pour une période illimitée, après l’issue de ce procès, enfin le jour des assises revint encore une fois ; une fois encore les hôtels de premier ordre de Slopperton furent encombrés et animés par les jeunes avocats élégants et par les juges graves, à la tête grisonnante ; une fois encore la salle de la cour criminelle fut un vaste océan de têtes humaines élevant vague sur vague sous le même plafond, et une fois encore les yeux curieux s’attachèrent sur le banc sur lequel était assis l’élégant et accompli Raymond, comte de Marolles, autrement dit Jabez North, pendant quelque temps pauvre du dépôt de mendicité de Slopperton sur le Sloshy, plus tard maître d’étude dans le pensionnat du docteur Tappenden, accusé de meurtre avec préméditation sur la personne de Montague Harding, aussi de Slopperton, assassiné huit ans auparavant.

Le premier point que l’avocat chargé de la poursuite s’efforça de prouver aux esprits du jury fut l’identité de Raymond de Marolles, le Parisien, avec Jabez North, le pauvre maître d’étude. Détruire