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LA TRACE

dividu qui lui avait commandé de le faire était le prisonnier à la barre. M. Auguste Darley ne fut pas plus déconcerté, ni le patron des Délices du batelier, qui, malgré toutes les interrogations captieuses, conserva une attitude sombre et résolue et déclara que le jeune homme qui était à la barre, dont la chevelure alors était blonde, avait eu une dispute dans la tabagie avec une jeune femme, à laquelle il avait jeté la pièce d’or qui était là, que celle-ci la lui avait rejetée avec fureur. En un mot, la défense, quoique ayant duré une heure et demie, fut très-défectueuse et un observateur attentif aurait pu voir un éclair jaillir des yeux bleus de l’individu se tenant à la barre, qui jeta un regard dans la direction de l’éloquent M. Prius Q. C. pendant que celui-ci prononçait les derniers mots de sa péroraison, regard assez meurtrier et assez plein de vengeance, quoique rapide, pour donner au spectateur quelque idée que le comte de Marolles, victime innocente des preuves tirées de l’évidence de ces circonstances, comme c’était chose possible, n’était pas la personne du monde qu’on pût le plus impunément offenser.

Le juge délivra son mandat au jury, et tous se retirèrent.

On ne respira pas d’impatience dans l’assemblée pendant trois quarts d’heure ; cette impatience était telle que les trois quarts d’heure semblèrent trois