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LA TRACE

avoir mendié dans les rues. La nuit où il avait arraché le marteau de la porte d’un magistrat impopulaire qui avait été dur pour un braconnier. Ils se redisent cent escapades pour lesquelles ceux mêmes qui l’ont condamné étaient aujourd’hui disposés à l’admirer, et ils se pressent autour de la voiture dans laquelle il se tient debout, tête nue, le soleil de mai éclairant ses yeux bruns, sa chevelure noire ondulant à la brise du printemps autour de son front blanc et large, et une main effilée étendue pour réprimer, s’il se peut, cette tempête d’enthousiasme. La réprimer, non, c’est chose impossible. Vous pouvez vous tenir sur la plage et vous adresser aux vagues de l’Océan, vous pouvez reprocher doucement au vautour ses mauvais desseins sur l’agneau innocent, mais vous ne pourrez mettre un frein à l’enthousiasme chaleureux d’un rassemblement britannique quand ses meilleures passions sont excitées pour une bonne cause.

La voiture avance, avec la populace bruyante qui la fait rouler. Qu’est ceci ? De la musique ? Oui, certes, deux corps de musique différents. L’un joue : « Voici venir le conquérant, » tandis que les exécutants de l’autre s’épuisent, et rendent leurs figures cramoisies à massacrer le « Rule Britannia. » À la fin cependant, on arrive à l’hôtel, mais le triomphe de Richard ne touche pas à sa fin, il doit faire un discours. En définitive, il doit répondre à leurs