Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
408
LA TRACE

tune, et aucune raison d’intérêt matériel pour s’enrôler ; mais il avait dit à ses amis qu’il voulait s’élever, comme son père avait fait avant lui dans les guerres de l’Empire, par son mérite seul, et il avait tenu parole. Le sous-lieutenant français, Lansdown, devint lieutenant, capitaine…, et à chaque nouveau grade il resta aussi aimé, aussi admiré, et fut cité comme un exemple éclatant de génie militaire et d’intrépide courage.

L’arrestation du soi-disant comte de Marolles avait mis en contact Richard Marwood et Gaston de Lancy. Victimes tous les deux de la scélératesse consommée du même homme, ils firent connaissance et devinrent, en peu de temps, amis. Quelques circonstances de l’histoire de Gaston furent racontées à Richard et à sa jeune épouse Isabelle, mais il est inutile de dire que le passé ténébreux dans lequel était impliquée Valérie, resta à l’état de secret dans le sein de son époux, dans celui de Laurent Blurosset et dans le sien propre. Le père avait réuni sur son cœur son fils et la femme, à laquelle il avait pardonné depuis longtemps, et dont les années d’horribles tortures avaient servi à expier la tentative follement criminelle de sa jeunesse.

Lorsque Richard et Gaston furent devenus amis, ils décidèrent entre eux que Richard accompagnerait de Lancy et sa femme dans l’Amérique du Sud, où, loin de la vue des scènes, devenues pénibles