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LA TRACE

un quartier populeux, dans le Surrey, près du bord de l’eau, et dans les rues et les squares, pour ne rien dire des cours et des écuries autour de l’établissement, le nom d’Auguste Darley est synonyme de tout ce qui est joyeux et populaire. Sa présence seule passe pour produire un effet aussi heureux que sa pratique médicale. Et quant à celle-ci, considérée en elle-même en dehors de ses qualités curatives, c’était une chose vraiment curieuse et plaisante, cela peut passer pour un compliment douteux, mais, malgré tout, elle était administrée avec une parfaite bonne foi, et, de plus, était fort appréciée.

Quand quelqu’un tombait malade, on envoyait chercher Gus Darley (il n’avait jamais été appelé monsieur qu’une fois dans sa vie, et cela par un officier du shériff, qui, l’arrêtant pour la première fois, n’était pas en termes familiers avec lui ; tout Cursitor Street le connaissait depuis longtemps comme Gus, mon vieux camarade, et Darley, mon garçon) ; si le malade était très-mal, Gus lui racontait une bonne histoire ; si le cas paraissait grave, il chantait une chanson comique ; si le malade, pour parler le langage populaire, était bas, Darley restait à souper, et si, pendant ce temps, le malade n’était pas complètement rétabli, il envoyait chercher un penny de sel d’Epsom ou trois liards de rhubarbe et de magnésie, plaisamment étiquetée