Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
DU SERPENT.

pouvoir invisible, une solide corde à nœuds fut jetée en travers des chevaux de frise et le bout vint tomber dans l’intérieur à quatre pieds environ du sol.

« Mais son cœur est à un autre et ne peut jamais être à moi. »

Le gentleman qui ne pouvait avoir l’espoir de posséder l’affection de miss Gray, était évidemment près du mur en ce moment. Dans un temps si court, qui n’aurait pas suffi au maître le plus habile dans l’art de la sténographie pour relater l’événement, Richard jeta loin de lui, à une demi douzaine de pas, l’empereur de la machine hydraulique, avec une telle violence que ce gentleman accrocha, en trébuchant, les talons de la fille unique du pape et tomba comme une masse sur cette dame comme sur un lit de plume et avec l’agilité d’un chat ou d’un matelot, il grimpa en haut de la corde et disparut par dessus les chevaux de frise.

Le gentleman était devenu alors indifférent à la perte de miss Gray, car il siffla la mélodie de l’air le plus triomphant, marquant la mesure avec le bruit sec de ses rames plongeant dans l’eau.

Il fallut un peu de temps à l’empereur et à son amie pour se rétablir des effets de la secousse qu’ils avaient éprouvée l’un contre l’autre et quand ils furent remis, ils restèrent quelques instants à se