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LA TRACE

contre la fille de comptoir, et consacrant votre existence à partager entièrement le sort des Joyeux, quand les autres jeunes gens de votre âge sont occupés à se gâter avec des drogues sucrées et des pommes vertes, ce qu’ils appellent vivre. Je vous ai connu empêchant ce gentleman là-bas (il fait un geste avec son pouce dans la direction du joueur de dominos) d’arracher le marteau de sa porte, et le lui renvoyant le matin du jour suivant avec quatorze pennys et six pence pour payer le port ; mais je ne vous ai jamais connu faisant une mauvaise action ou portant un coup à un adversaire renversé. »

Richard remercie le boxeur de la bonne opinion qu’il a de lui, et ils se donnent une nouvelle accolade.

« Je vais vous dire ce qui en est, continua l’hôtelier ; je suis un homme qui parle peu… Si un gaillard m’offense je lui donne ma gauche entre les yeux, gentiment ; s’il recommence, je lui redonne ma gauche, avec intention et il ne recommence pas. Quand un gentleman comme je les aime me fait honneur, je me sens reconnaissant, et quand la chance se présente, je lui témoigne ma gratitude. M. Richard Marwood, je suis votre ami jusqu’à la dernière goutte de mon claret, et que l’homme qui a assassiné votre oncle se trouve éloigné de ma gauche, s’il tient à conserver sa beauté. »