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LA TRACE

aller dans la rue là-bas, sans un déguisement semblable à celui que pourrait porter un meurtrier lui-même, crainte que quelque agent de Slopperton ne puisse reconnaître le fou criminel et ne me renvoie à ma cellule de l’asile.

— Mon enfant bien-aimé. »

Elle pose ses mains sur ses épaules et contemple d’un air plein d’orgueil son beau visage.

« Mon enfant bien-aimé, ces gens de Slopperton te croient mort. Vois. »

Elle touche en parlant sa robe noire.

« C’est pour toi que je la porte. Une supercherie bien pénible, Richard, même pour un but comme celui-ci. Je ne puis penser à cette rivière et à ce qui aurait pu arriver.

— Chère mère, j’ai été sauvé, peut-être afin de pouvoir réparer cette vie coupable et débauchée du passé.

— Seulement débauchée, Richard ; jamais coupable. Toujours le même noble esprit, toujours le même cœur généreux, toujours mon chéri et unique enfant.

— Vous vous souvenez de ce que dit le jeune homme, dans la comédie, mère, quand il s’est mis dans une mauvaise affaire en négligeant son jardin et en faisant la cour à la fille de son maître : Vous serez encore fière de votre fils.

— Je serai fière de toi, Richard ? mais j’en suis