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CHAPITRE III

Reliques cachées.

Ce même soleil d’août qui avait disparu dans l’immensité de l’Océan éclairait de ses lueurs rougeâtres le large cadran de la vieille horloge sur l’arceau couvert de lierre qui menait dans les jardins du château d’Audley.

Le couchant était d’un cramoisi ardent. Les meneaux des croisées et les treillages étincelants frappés par ces rayons rougeâtres semblaient être en feu ; la lumière affaiblie se jouait dans les feuilles des tilleuls de l’avenue et changeait la surface tranquille du vivier en une plaque de cuivre poli. Dans ces obscurs enfoncements d’églantiers et de broussailles au milieu desquels était caché le vieux puits, la rouge clarté pénétrait par lueurs vacillantes, et les herbes humides, et la poulie de fer rouillée, et la charpente de bois brisée, semblaient tachées de sang.

Le beuglement d’une vache dans les prairies si calmes, le saut d’une truite dans l’étang, les dernières notes d’un oiseau fatigué, le grincement des roues des chariots sur la route éloignée, rompaient de temps en temps le silence du soir et rendaient plus