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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/118

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LE SECRET

ces deux hommes sont ensemble et il y a l’huissier dans la maison, et votre brutal de mari est probablement ivre à cette heure et entêté dans son ivresse. Si je refuse de donner de l’argent à cet homme, son entêtement deviendra de la férocité. Il est inutile de discuter cette question. Il faut que je donne de l’argent.

— Mais si vous payez, milady, dit Phœbé d’un ton sérieux, vous ferez bien comprendre à Luke que c’est pour la dernière fois, s’il tient à rester dans cette maison.

— Pourquoi ? demanda lady Audley, laissant retomber ses mains sur ses genoux et regardant attentivement mistress Marks.

— Parce que je veux qu’il quitte l’auberge du Château.

— Et pour quel motif ?

— Oh ! pour une foule de raisons. Il n’est pas fait pour tenir une auberge. Je l’ignorais à l’époque de notre mariage, sans cela je m’y fusse opposée et je l’eusse engagé à devenir fermier. Il n’y aurait peut-être pas consenti néanmoins, car il est très-têtu, milady. Quant à rester aubergiste, il ne le peut. Dès qu’il fait nuit il est ivre, et quand il est ivre il sait à peine ce qu’il fait. Nous l’avons échappé belle deux ou trois fois déjà.

— Échappé belle !… qu’est-ce que cela signifie ?

— Oui, nous avons risqué d’être brûlés vifs à cause de son imprudence.

— Brûlés vifs !… et comment ? » demanda milady avec indifférence.

Elle était trop égoïste et trop absorbée par ses propres chagrins pour s’intéresser beaucoup au danger qu’avait pu courir la soubrette.

« Vous savez, milady, que c’est une étrange maison que cette auberge, toute construite en bois vermoulu et pourri. La compagnie d’assurances de