belle jeune fille aux yeux bruns ? Pourquoi Némésis m’a-t-elle conduit dans le Dorsetshire ? »
Il ouvrit les deux premières lettres. Il était assez fou pour garder la dernière pour la bonne bouche, comme un mets délicat à manger après les plats substantiels d’un dîner ordinaire.
La lettre d’Alicia lui disait que sir Michaël avait enduré son angoisse avec tant de calme, qu’elle aurait préféré l’explosion du désespoir à cette désolante tranquillité. Dans cette difficulté, elle avait fait appeler secrètement le médecin de la famille et l’avait prié de faire, comme par hasard, une visite à son père. Il y avait consenti ; et, après être resté une demi-heure avec le baronnet, il avait dit à Alicia qu’il n’y avait pour le moment aucun danger sérieux, mais qu’il fallait tirer sir Michaël de cette torpeur et le forcer malgré lui à prendre du mouvement.
Alicia avait aussitôt suivi ce conseil, et reprenant sur son père, tout l’empire d’enfant gâtée qu’elle avait exercé autrefois, elle lui avait rappelé une promesse qu’il lui avait faite jadis de la conduire en Allemagne. Elle n’était parvenue que difficilement à lui arracher son consentement ; mais dès qu’elle l’avait eu, elle avait pressé le départ, et elle annonçait à Robert qu’elle ne ramènerait son père chez lui que lorsqu’elle lui aurait fait oublier ses chagrins.
La lettre du baronnet était très-courte. Elle renfermait une demi-douzaine de chèques en blanc sur les banquiers de sir Michaël Audley.
« Vous aurez besoin d’argent, mon cher Robert, lui disait-il, pour les arrangements que vous jugerez convenables à l’égard de la personne que je vous ai confiée. J’ai à peine besoin de vous dire que vous ne devez pas reculer devant la dépense. Rappelez-vous seulement que je ne veux plus jamais entendre prononcer le nom de