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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/61

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DE LADY AUDLEY

cherai ce beau voile sous lequel elle cache sa laideur morale. Elle sera forcée de me livrer le secret du sort de mon ami, et je la chasserai pour toujours de cette maison qu’elle a souillée par sa présence. »

Il partit le lendemain de bonne heure pour le comté d’Essex et arriva à Audley avant onze heures.

Bien qu’il fût matin, milady était déjà sortie. Elle était allée à Chelmsford faire des emplettes avec sa belle-fille. Elle avait plusieurs visites à faire dans les environs de la ville et ne reviendrait que vers l’heure du dîner. La santé de sir Michaël s’était améliorée et il descendrait dans l’après-midi. M. Robert pouvait le voir dans sa chambre si cela lui plaisait.

Non ; Robert ne se souciait pas de rencontrer ce généreux parent. Qu’aurait-il à lui dire ? Comment lui adoucir les souffrances qui allaient l’atteindre ?… comment diminuer la force du coup qui allait briser ce cœur noble et confiant ?

« Si je pouvais lui pardonner ses torts envers mon ami, se disait Robert, je la détesterais encore pour la douleur que son crime va causer à l’homme qui a eu confiance en elle. »

Il dit au domestique de son oncle qu’il allait faire un tour dans le village et qu’il reviendrait à l’heure du dîner. Il s’éloigna lentement du château et se promena sans but dans les prairies qui séparaient l’habitation de son oncle du village. Les noirs soucis qui troublaient sa vie se lisaient sur sa figure.

« Je vais entrer dans le cimetière, se dit-il, et contempler les pierres tumulaires. Rien ne peut me rendre plus triste que je le suis. »

Il se trouvait dans ces mêmes prairies qu’il avait traversées en courant à la station, dans cette journée de septembre où George Talboys avait disparu. Il regarda le sentier qu’il avait suivi ce jour-là, il se souvint de la rapidité de sa course et du vague sentiment