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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/122

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LES OISEAUX DE PROIE

Pie ; toutes choses, dans le comté d’York, sont largement faites. J’ai entendu accuser les habitants du comté d’York de lésinerie. Est-ce qu’il est possible que ce piteux sentiment puisse entrer dans le cœur des concitoyens de ma Charlotte ! Je n’ai jamais fait qu’une courte expérience du pays, mais tout ce que je puis dire, c’est que mes amis de La Pie sont la libéralité même et qu’un souper du comté d’York m’a paru l’idéal du genre. J’ai dîné chez Philippe, je connais la Maison d’Or, mais si jamais je dois quitter le fardeau de la vie à la suite d’une indigestion, que ma mort soit provoquée par les œufs au jambon, les bruns gâteaux dorés, et le miel incomparable de cette Arcadie du Nord.

« Je prévins mon aimable hôtesse que j’allais la quitter et elle en parut fâchée ; elle me regrettait, moi, pauvre vagabond.

« Après le déjeuner, je sortis pour faire un bout de promenade. J’avais accompli mon devoir envers les églises moussues et les vieux registres ; je me croyais donc autorisé à prendre un congé de quelques heures en attendant le départ du véhicule hybride qui devait me conduire à Hidling.

« Je dépassai le petit groupe d’habitations aux toitures en tuiles rouges. Tout était clair, gai ; les murailles réfléchissaient le soleil d’automne, les oiseaux chantaient, les géraniums s’épanouissaient éclatants aux fenêtres. Quels pouvaient être les plaisirs ou les distractions des bonnes ménagères pour varier les délices de la brosse à frotter et de la pierre à polir ? J’aperçus des visages de jeunes filles qui me regardaient curieusement à travers de blancs rideaux de mousseline, et je compris que pour elles j’étais un personnage. Se sentir de quelque importance même aux yeux des habi-