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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/127

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LES OISEAUX DE PROIE

par une personne de la Cité, songeant à l’innocent Sparsfield.

« — Et vous ne pouviez choisir mieux ! s’écria-t-elle, bien que l’on prétende que ce soit le lieu le plus triste du monde. Cette maison était celle de ma chère tante… la sœur de papa, vous savez. Grand-papa avait deux fermes. Celle-ci en était une, et l’autre la ferme de Hiley. Celle de Hiley était beaucoup plus grande et plus importante que celle-ci. Elle a été laissée à papa, qui l’a vendue peu de temps avant de mourir.

« Sa figure devint triste.

« — Je ne puis encore en parler sans chagrin, dit-elle doucement, quoique je n’eusse encore que neuf ans à cette époque ; mais à neuf ans on peut déjà beaucoup souffrir.

« Puis après une légère pause elle se remit à parler de son habitation.

« — Ma tante et mon oncle sont bien bons pour moi… Cependant ni l’un ni l’autre ne sont réellement mes parents. Ma tante est morte très-jeune, à la naissance de son premier baby, et le pauvre baby est mort lui-même peu de temps après ; l’oncle Mercer a eu la ferme comme héritier de sa femme, vous comprenez. Il s’est remarié deux ans après, et sa seconde femme est bien la meilleure, la plus aimable créature qu’il y ait au monde. Je l’appelle toujours ma tante, car je ne me souviens pas du tout de la pauvre sœur de papa, et jamais il n’a existé de meilleure tante que ma tante Dorothée. Je suis très-heureuse ici, dit-elle, c’est si bon de ne plus être à La Pelouse… bien que certainement j’aie été fâchée de quitter maman, ajouta-t-elle en manière de parenthèse c’est si bon d’être débarrassée de ces déjeuners où l’on ne dit pas un mot, où l’on n’entend que