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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/143

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LES OISEAUX DE PROIE

CHAPITRE VI

TROUVÉ DANS LA BIBLE

« 3 novembre. — Il vient d’arriver l’événement le plus surprenant ; un événement qui dépasse certainement les limites de la fiction. Comment pourrais-je tranquillement transcrire les circonstances de la scène d’hier ? J’invoque le calme d’esprit de mon Sheldon ; j’invoque toutes les divinités de Gray’s Inn et des tribunaux. Qu’elles m’accordent d’être clair. Pourvu que mon cœur agité, que la fièvre de mon cerveau me laissent quelques heures de répit !

« Un gai soleil d’automne s’était levé hier matin : les champs avaient repris une vie nouvelle sous l’abondante pluie de la veille. Je me rendis à Newhall immédiatement après le déjeuner et j’y trouvai ma chérie près de la grille, revêtue de son ravissant corsage bleu, avec des rubans dans ses beaux cheveux bruns.

« Elle parut heureuse de me voir, bien que d’abord elle semblât vouloir faire la boudeuse, parce que je n’étais pas venu la veille. Je l’assurai que je n’avais pas moins souffert de me trouver séparé d’elle. Ma jolie boudeuse prétendit qu’elle n’en croyait rien. Après ce petit désaccord nous nous pardonnâmes réciproquement et nous devînmes encore meilleurs amis qu’auparavant ; nous fîmes ensuite une longue promenade dans les champs, nous arrêtant pour, regarder les moutons qui, à leur tour, fixaient sur nous de grands yeux étonnés,